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L'abri de la gabare de Tribehou témoigne de l'histoire de la batellerie dans le marais du Cotentin.



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Carte postale d’une gabare circulant au port de Saint-Hilaire à proximité de Carentan. Vous observerez le long gouvernail tenu par le batelier situé à l’arrière et l’abri situé à l’avant : traits caractéristiques des gabares du marais du Cotentin.

Les gabares du marais du Cotentin ou «bâtés».

Les gabares sont des bateaux à fond plat, construites principalement en bois d’orme ou de chêne, que les gens du pays connaissent sous le vocable «bâté» (bateau).

La longueur des gabares varie de 11 à 17 mètres, la largeur de 3 à 5 mètres, la hauteur de 0,65 à 0,85 mètres. Elles jaugent de 8 à 14 tonneaux.

Dirigées par un long gouvernail, les gabares ont un mode de propulsion qui varie selon le temps et la configuration des cours d’eau.

Au vent « portant », une haute voile carrée de 5 mètres, hissée sur un mât amovible de 7 à 8 mètres, va chercher le vent au-dessus des berges. Il faut démonter l’ensemble pour le passage des ponts.

Lorsque le vent n’est plus « servant », on utilise le courant ou une longue corde : le « grelin ». Amarré, le matelot tire le bateau sur le chemin de halage ou sur les berges chaotiques.

Quand les marais sont «blancs» et que les rives ont disparu sous l’eau, on utilise le «fourquet», longue gaule poussée en marchant de l’avant à l’arrière du bateau.




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Aperçu du réseau hydraulique emprunté par les gabares de l’époque jusqu’à la baie des Veys dans la Manche. La baie des Veys est le lieu où se jettent les eaux du bassin de la Vire et celles du bassin de la Taute. Avant 1839, toute navigation entre les deux bassins ne pouvait se faire que par la baie des Veys en mer.
L’ouverture du canal Vire-Taute en 1839 (représenté en bleu foncé sur la carte) a permis d’éviter ce détour par la mer redouté par les bateliers de l’époque.

Le siècle des gabares.

Il n’est pas aisé de situer précisément dans le temps l’apparition des gabares.

Les marais inondés par les eaux douces des rivières gonflées par les pluies hivernales et par les eaux salées de chaque marée montante, rendent longtemps les communications très difficiles.

Très vite, pour le transport des marchandises, la gabare est devenue indispensable.

Depuis le Moyen-Age, les gabares remontent la tangue de la baie des Veys employée pour l’amendement des terres et redescendent le cours des rivières chargées de marchandises (de la chaux de Beuzeville et Liesville des tuiles et des briques de Saint-Fromont, des pierres de Picauville, des produits agricoles (produits laitiers, légumes, ... ).

Le siècle des gabares est sans conteste le XIXe siècle.

Les chantiers navals du port de Tribehou.

Les gabares étaient principalement construites à Tribehou. Dès le XIIième siècle, un chantier existe au village du Boscq appelé «Le Port bœufs».

Pendant tout le XIXième siècle, la plupart des gabares des bassins de Carentan y sont construites par des hommes attachés aux bateaux des marais qui se transmettent leur savoir-faire de père en fils.

Deux chantiers prospèrent, implantés dans les villages de « l’île du Port ». Entre 1800 et 1854, l’activité de batellerie fait vivre une dizaine de charpentiers et 53 bateliers.

Dans les registres, les chantiers de Tribehou ont lancé leur dernière gabare, «La Briqueterie de Carentan» (CH9127), en 1914.




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Avant sa mise en valeur dans le bourg, la gabare à demi-envasée à l’endroit de l’ancien port.



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Sous son abri, la gabare laisse apparaître ses madriers en chêne.
Le haut du bordé, qui a disparu, était en sapin.

Le «bâté» à Charles REMI.

L’une des nombreuses gabares construites à TRIBEHOU est exposée sous un abri de terre et de « Rotz » (mélange de roseaux, carex, laîches… qui servait de matériau de couverture).

Elle fut construite en 1908 pour Constant HARACHE. Elle reçut en baptême le nom de « Gustave » par Gustave ROUBLOT, assisté de sa sœur Julie, parrain et marraine de la gabare, lors de sa bénédiction qui eut lieu le 16 février 1909.

Elle a été l’une des dernières à naviguer, pilotée par Charles REMI, son dernier patron-armateur. Elle transportait principalement de la tangue.

En 1988, au cours des travaux de curage des deux canaux qui bordent la route départementale en direction de St-Georges-de-Bohon, elle a été retirée de la vase puis exposée en 1991 sous cet abri.


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Ci-contre, l'abri de la gabare en construction.

La construction a été réalisée en 1991 par des bénévoles de TRIBEHOU qui coiffent sur la photo la gabare d'un toît de chaume. C'est l'occasion ici de les saluer pour le travail accompli et c'est aussi aujourd'hui un peu grâce à eux que TRIBEHOU s'est construit une petie notoriété grâce à la mise en valeur de sa bagare
A droite, l'abri de la gabare tel que vous pouvez le voir aujourd'hui. Le temps a fait son oeuvre en faisant pousser les arbres et noircir le toît de chaume.
Un grand merci à M. Gatien Rohée qui m'autorise à publier la photo ci-contre.


Le contenu de cette page a été réalisé à partir des panneaux touristiques installés sous l'abri. Ils ont eux-mêmes été conçus par Louis Darthenay (ancien maire de Tribehou) et le Parc des Marais.


Quelques liens en rapport avec cette page.
http://pagesperso-orange.fr/pourlavire/crbst_5.html Site réalisé par l'association "Pourlavire". C'est une page qui concerne le patrimoine fluvial de la Vire sur laquelle circulaient également les gabares de notre article.
http://projetbabel.org/fluvial/rica_vire-taute-canal.htm Site consacré aux canaux et rivières et en particulier au canal Vire-Taute
http://www.etab.ac-caen.fr/college-periers/dossiers/maraisbocage/maraisboc/marais.htm Site internet du collège de Périers dans la Manche qui consacre un article au bocage normand
http://www.parc-cotentin-bessin.fr Site du Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin
http://pagesperso-orange.fr/la-rosee-du-soleil/bateau.htm Le capitaine du bâteau "La rosée du soleil" vous invite à une balade sur la Taute et raconte l'histoire du marais et de ses gabares